samedi 6 avril 2013

Secret d'État


Les mots ne veulent pas de moi. Ils ne glissent pas par eux-mêmes sous mes doigts comme j’ai souvent la sensation. Je pianote donc au rythme de ma pensée et non du fluide débordant de mon imagination. Vous vous direz que c’est pareil. Mais non! La nuance est là.

Quand on se cherche, les mots s’écrivent sans avoir la sensation de crainte d’en perdre des bouts. On doit même chercher plus souvent qu’autrement la suite. Alors que suivre notre imagination débordante, c’est un exercice qui nous fait apprendre le placement des lettres sur notre clavier d’une manière où la nano seconde à son importance. C’est tellement intense parfois, qu’une mauvaise orientation de nos doigts, qu’il nous faut effacer pour recommencer parce que notre espace-temps à mal calculé l’infime distance. Ce qui rend frustrée parfois parce que ça rate notre délire imaginatif. La peur de perdre le fil. La peur de ne plus suivre.

Ce n’est pas le cas en ce moment. Je n’arrive pas à trouver le filon. Celui qui me sortira de mon inertie mentale.  Je suis une ombre ce matin. Celle de toutes mes émotions égarées en dedans de mon être, qui cherche la direction à prendre.

Cette fois, je ne veux pas me lamenter sur mon état personnel. Deux écrits, voire trois sont suffisant pour le moment pour ne pas rendre indigeste le lieu où je dépose mes états d’âme. Alors je ferme les yeux et je me dis, ose ma belle Krikri. Parles-en de cette réalité-là que certains ignorent, que d’autres méprisent et que d’autres le vivent. Exprime toi ma jolie. Tu es bien placée pour ce faire. Toi qui l’as vécu plus d’une fois.

Mais je bloque. Je fige. La souffrance muette me vole ma volonté. J’aurais besoin d’un petit coup de main. Ce besoin réel d’être juste serrée très fort pour extérioriser ce sentiment d’incapacité. Et je suis là à faire la femme forte. La solitude émotive est un lourd fardeau.

Je me secoue alors. Mais ça coûte cher à agir ainsi. Le corps prend ce coup invisible comme un refoulement d’égouts qui est contenu dans un espace qui risque d’éclater à tout instant. Éclatement qu’on ignore. Qu’on tente de minimiser la force et la teneur.

Je m’efforce donc à reprendre possession de moi tout en sachant que ce n’est pas gagner. Je cherche toujours ma pensée. Je la défile trop lentement pour me dire que c’est dans la poche. Et je souris de moi-même. Secouant la tête avec une pointe d’ironie sur le coin de mes lèvres. Et voilà, la suite se fait attendre. Je l’écris pour faire comprendre l’étendue de la situation. Malgré que pour vous lecteurs et lectrices, ça ne se voit pas. Vous lisez et tout semble couler de source. Et pourtant, il en est rien. Mon esprit se ferme à écrire sur ce sujet. Et ce n’est pas la pudeur. C’est la douleur. Envers une dernière histoire qui m’a fait tant de mal, que je me retiens de me dévêtir l’âme.

Parce que chaque histoire vécue, m’a laissée meurtrie.  Une amitié virtuelle brisée peut faire autant de mal qu’une amitié de chair. Quand les gens cesseront de se moquer sur le virtuel avec leurs sabots de logiques. Bien ils réaliseront, que si en virtuel lire ce que vous lisez vous fait rire et que ça ne vous cause aucun souci de logique, et que vous êtes capable de vous scandaliser à lire des écrits d’animaux et d’enfants maltraités, bien, vous comprendrez  qu’on peut aussi vivre de très intenses émotions par l’amour virtuel. Qu’en déplaise aux détracteurs.

Après tout, n’est-ce pas le cerveau qui répond aux sensations ressentis ? N’est-ce pas le cerveau qui vous fait rire quand vous trouvez cela drôle, triste, émouvant ? Il en va de même pour les écrits amoureux.

Croyez-moi, je sais très bien de quoi je parle. Ça procure autant de plaisir voire même davantage, et d’autant plus, que vous pouvez aisément vous ouvrir à tout, sans crainte de souffrir véritablement au sens physique. Parce que oui, ça blesse  autant au cœur et le moral quand ça se termine.

Et ne venez pas me dire que ça ne se compare pas avec ce qui est en chair et en os. Si ça se compare. Ça peut être bien mieux même. Merveilleusement mieux.

Imaginez seulement que vous ne pouvez au sens physique du terme, avoir de relation amoureuse sexuelle. Votre corps soit il est paralysé à jamais ou bien encore, il se moque de vous et vous cause des situations si douloureuses que vous  ne voulez plus les revivre. On n’a pas tous des corps en pleine possessions de ses moyens d’Adonis et de Vénus. Et faire l’amour pour s’arrêter en chemin par un cri de douleur, par un inconfort, peut être si gênant et perturbant dans notre égo qu’on s’abstiendra après quelques tentatives ratées. Qu’on mettra fin à jamais à toutes sensations physiques.

Mais ça ne veut pas dire qu’on ferme en même temps dans ce cerveau aux fluides intenses, le robinet du désir du besoin qui demeure actif. Faut pas croire qu’être inapte physiquement que tout désir s’évapore par magie. Parce que là, je vous dirais que vous êtes naïfs et naïves.

J’entends les sceptiques qui s’amusent. Qui rigolent derrière leur écran et qui se disent, mais voyons donc. Voire si les mots peuvent autant faire d’effets que les actes véritables ? Je vous répondrai, c’est que soit vous n’avez jamais rencontré LA personne virtuelle qui vous corresponde ou que vous n’avez jamais essayé.

Seulement, Même trouvé une personne qui écrit aussi bien que vous. Ça ne veut pas dire que la compatibilité est là. Parce qu’il y a autant de mauvaises gens à s’amuser ainsi que de personnes qui veulent vraiment quelque chose de sincère.  Après tout, si ce moyen peu redonner votre estime de vous là où vous croyez ne plus jamais pouvoir faire l’acte, bien je me contenterais volontiers de ce moyen que de m’en passer à vie.

Surtout, qu’ainsi, il n’y a pas de frontière physique. Souvenez-vous-en.  On peut être aussi souple qu’une danseuse et imaginatif sans frontière. Tout se limite que par votre esprit. Seulement lui. Mais faut-il quand même se garder une conscience équilibrée. Pour ne pas se croire tout permis.

Croyez-moi, on peut faire autant de mal.

Et voilà, je l’ai mon billet. J’ai voyagé dans mes mots d’une manière différente que je croyais vouloir prendre le chemin. J’ai formulé le sujet en le prenant par une autre avenue. Ce qui donne un résultat très probant. C’était peut-être ça qui me retenait d’écrire. Parce que les lettres se sont alignées sans trop de souci. Voilà un bel exemple de s’écouter intérieurement malgré l’obstacle devant soi. J’ai su le contourner et le chemin est devenu plus simple.

Oui l’amour virtuel a autant de valeur que celui en chair et en os. Et dépendamment de la manière donc vous vivez, cela peut avoir autant de véracité et de bonheur. Après tout. Quand on ne peut plus le faire, ou que la distance limite la proximité, bien ceci procure une compensation très acceptable si on arrête de se dire, que ce ne sera jamais la même chose. Oui…Mais.

Je vous laisse. La P’tite tendre, vous souhaite bonne journée.

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