APPARENCES

On joue tous la comédie. On est tous hypocrite. La rumeur veut que nous le soyons. Nous ne sommes pas prêts à recevoir la vérité réelle des êtres que nous côtoyons.  Notre propre sincérité est un leurre. Une illusion.

Je sais, on dira que je dois être une menteuse ou une fourbe  et pourquoi pas les deux pour oser divulguer des paroles aussi peu positives.  Je suis l’ombre de votre mensonge. L’ombre de cette notion de camoufler ce que nous ressentons.

D’un côté faut être vraie, sincère, honnête et de l’autre, dissimuler nos états d’âmes, nous souffrances, nos besoins réels. Tout n’est qu’APPARENCE!

Me voilà à faire un petit sourire en coin qui attriste mon regard et ironise mon visage. Je secoue alors la tête, légèrement en fermant les yeux. Je suis si épuisée de me battre. L’énergie me fait défaut en cette douce matinée.

J’ai tant besoin…..Non tais-toi la grosse. Je me secoue l’intérieur. Je serre les lèvres en fermant encore les yeux. Retiens-toi ma belle. Ça va passer. Ce n’est qu’un autre mauvais moment de plus. Ce n’est pas grave.

SI CE L’EST! Mais je fais semblant que ce ne l’est pas. Faut avancer hein!? Mais j’ai tellement mal en dedans.

Cette fameuse phrase que l’on dit sans vraiment la ressentir. La disant par politesse, pour la forme, sans être réellement réceptif à la vérité de l’être.

Comment ça va ?

Ho bien, merci. Et vous ? Et toi ? Qu’importe le tutoiement ou le vouvoiement  toujours est-il que nous lançons à peu près la même phrase avec la même volonté que l’autre, par politesse après avoir éludé la réponse.

Je soupire d’épuisement, de ce combat intérieur qui me garde faussement en forme alors qu’en dedans je suis à bout de volonté, à bout d’énergie.

JE NE VAIS PAS BIEN…. Ais-je envie d’hurler. BERCES-MOI… CALINES-MOI…  Tu regardes l’autre et faussement tu souris. Faussement tu donnes l’illusion que ça va.

Combien de gens vivent ça sans rien dire? C’est si affligeant.

On voudrait tellement hurler ce mal qui ronge le cœur et l’âme. Cette sensation constante de se noyer, d’avaler l’air qui nous étouffe, telle une main qui nous serre la gorge et pourtant, on survie. Toujours.  On refait surface.  Mais pour combien de temps ? C’est si aléatoire ce désir de remonter, de tenir le coup, de ne pas sombrer.

Si je m’écoutais je passerais mes journées dans le lit à ne plus rien faire et attendre la fin. Non je ne vais pas bien. Parce que le mal dont je souffre, ne se guérit pas de médicaments ingurgités pour faire plaisir aux docteurs et à ceux qui nous entourent.

C’est un mal être pour un besoin qui fait défaut. Simplement.

Et combien sommes-nous à jouer le jeu de faire semblant devant les autres ? On ne veut tellement pas inquiéter. Surtout, ne pas recevoir des appels qui ne se concentrent que sur ce fait. Ce n’est pas de ça que j’ai besoin.

On fait tellement nos grands, les forts, que rien ne nous atteint, que plus personne ne s’intéresse à ce que nous sommes. LES APPARENCES sont sauves.

Je me noie sans cesse dans cette souffrance qui est mienne. Même ma maladie n’est rien face à celle-là. Ça serre la gorge, le cœur. Ça bouffe l’énergie, la vitalité, la volonté.

Ce qui fait qu’on n’appelle personne. Qu’on ne dérange pas. Qu’ainsi on ne mentira pas au bout du fil. Enfin à moitié. Alors qu’on désire HURLER tout ce besoin qui nous serre les tripes. Ce besoin VISCÉRAL qui nous referme sur nous pour ne pas indisposer les autres.

Oui cette hypocrisie semble acceptable.

Par contre, je creuse pierre par pierre cette tombe qui m’éloigne de vous. Cette distance. NE pas déranger. NE pas indisposer. Laisser vivre est devenu ma devise.  Ainsi tout passe parfaitement.

À force de vivre ce manque intense, on finit par se détacher de soi. On finit par faire comme si tout allait pour le mieux.  On crée la distance des êtres. On érige un pont qui éloigne les émotions pour ne garder que L’APPARENCE… d’une réalité faussée par la conviction erronée que tout va pour le mieux.

Laissant libre les autres. Ne les attachants pas de manipulation émotives. De culpabilité inutile qui soupire le cœur du fardeau d’obligation. POURTANT en dedans. Ça ronge, ça gruge, ça dévore, en retenant sans cesse ces hurlements qui vous bercent l’âme et le cœur.

OUI JE SOUFFRE. Terriblement.

Je sauverais pourtant encore les apparences. Je me tairai. Parce que plus personne ne peut m’offrir ce dont j’ai le plus besoin. Même pas moi.

SERRES-MOI FORT j’en ai tellement besoin. Serres-moi dans ta tendresse qui m’envelopperait l’âme de cette douceur merveilleuse qui berce la paix et qui murmure, ça fait du bien hein ?

LA GROSSE LAIDE vous dit merci.