Voilà, c’est fait!
Je suis là à regarder mon méfait, et je dis qu’il faudrait
que je réagisse.
Seulement je ne le peux pas. Je suis inerte devant la
logique de ma pensée.
Je regarde la substance qui s’écoule, et je ne peux que
demeurer hypnotiser devant cette marre qui s’allonge au sol de ma stupidité.
Je touche du bout de l’index la source même de l’inéluctable
et je ferme les yeux pour chasser l’irréparable de ma vue. Ce doigt qui glisse
lentement sur cette texture, laissant une
marque, une empreinte de moi d’une invisibilité effroyable.
- - Ça ne se peut pas! Je n’ai pas fait ça. Il faut…Il
faut que…
Que quoi ? Hein ? Oui que quoi ma belle?
Ma conscience m’interpelle. Se nargue de moi comme un chat
avec une souris.
Souris ? Oui c’est ça.
Je ne peux revenir en arrière. Ni aller vers l’avant. Je
suis sidérée! Complètement amortie de l’attitude fougueuse de mon geste d’avant,
laissant le présent stagner faute de réaction de ma part dans une
évidence où les secondes poursuivent leurs lamentables existences se moquant
bien de l’acte posé.
J’ai détruit dans l’espace de quelques petites secondes, un
passé, une vie juste parce que je n’en pouvais plus de les supporter. Ce fut
plus fort que moi, que j’ai tué avant même de le réaliser pleinement, l’histoire
d’une existence.
Elle n’existe plus.
Elle est détruite.
Entièrement.
Elle ne respire plus. Ne se voit plus.
Devenue,
Page introuvable.
Morte, dès que j’ai dit oui dans ma tête, en cliquant de ma
souris, sur le bouton qui donnait l’autorisation. D'un dernier clic. Je n’ai presque pas eut d’hésitation.
Si minime, que je m’interroge à savoir, si ce n’est pas simplement la volonté
de vouloir en avoir ressenti une qui me fait le penser. Mais là, je suis,
sidérée.
Je regarde l’écran et la preuve est là. Irréfutable.Froide. Inerte.
PAGE INTROUVABLE.
J’ai détruit une parcelle de ma vie dans un état d’âme de
démoralisation. Parce que j’étais
attristée de voir que ça n’intéressait personne, j’ai tout détruit à coups de
clics sur des boutons qui approchaient infailliblement le meurtre courant du
web, d’un blog personnel. Plus j’acceptais
les demandes de mes intentions, plus je mettais fin à un plaisir qui était
devenu source de souffrance.
Maintenant, j’étais à regarder cet écran, avec ce liquide
chaud et salé qui s’écoulait de mes orifices oculaires pour mouiller ma peau et
venant tremper mon vêtement dans une inertie frisant le coma.
Soudain, ma main tremble. Ma voix s’exprime. Voilà que je m’effondre. J'explose. Réalisant enfin l’acte de ma stupidité. Oui, pourquoi pas de ma folie passagère
? Heureusement, ce n’est qu’un blog. Pas une personne.
Si je le veux, je pourrais recommencer, et me convaincre, qu’importe
si on vient ou pas. L’important étant le
plaisir que j’en ressentirais d’abord. Le reste, même si cela me ferait plaisir qu’on
vienne me visiter, il ne faut pas que j’en fasse un drame personnel.
M’évitant ainsi, de le faire dans le réel.
Merci l’écriture. Par toi, je viens de l’échapper belle.
Krikri ma Puce dite Kritoune (C.Labrèche)
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